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Du vent dans les voiles : traversée de l'Atlantique

Dernière mise à jour : 4 févr. 2020

L'équipage de choc au complet à Mindelo
L'équipage de choc au complet à Mindelo

La der’ des der’

Vendredi 10 janvier.

Nous quittons Mindelo sans regrets, la joie dans l’âme de retrouver un peu la sérénité d’un dernier mouillage à Tarrafal (Santo Antao) avant le grand départ. Nos attentes ne sont pas déçues; nous somme seuls au monde devant cette longue plage de sable noir qui borde un petit village de pécheurs. L’annexe est rincée et pliée au fond du bateau. Pour débarquer pas d’autre choix que d’aborder la terre à la nage, un sac étanche sur le dos.

Le lendemain, une dernière virée est nécessaire pour se connecter et charger un ultime relevé météo avant de partir. Cette petite bourgade est un condensé des meilleurs souvenirs que nous avons dans la tête du Cap-Vert. La pêche, les couleurs, la vie, le paysage à la fois désertique et verdoyant, le sable noir, la générosité et l’accueil… Les pécheurs remontent d’énormes Thazards sur les rives. Nous repartons avec un joli morceau de chair fraîche ainsi que des carottes et un chou, offerts « en cas de scorbut » par un allemand qui nous a gentiment laissé exploiter sa wifi dans son superbe gite perdu au milieu de la végétation.


Nous avions prévu un départ dans l’après-midi, mais au retour du village, une étrave familière pointe son nez dans la baie. C’est Tooba, un bateau copain de bretons avec qui nous avons passé une grande partie de notre séjour au Cap Vert ! Une heure plus tard, un point rouge se dessine à l’horizon. Weoflaif et sa petite famille nous rejoint aussi ! Le départ est reporté au lendemain. Flyer II et son équipage (2 adultes et 3 enfants !) donneront le timing, en passant nous « chercher » après son départ de Mindelo.

Nous profiterons de cette dernière soirée tous ensemble sur Tooba pour partager la pêche de Corentin, Boris et Ewenn, cuisinée à la tahitienne (cuit au citron et badigeonné de lait de coco).

Poisson à la tahitienne sur Tooba
Poisson à la tahitienne sur Tooba

Le grand départ

Dimanche 12 janvier.

9h. Chacun se hâte de finir de ranger le bateau, matosser les dernières bricoles, plier les annexes, faire un dernier saut à l’eau.

11H30. Flyer II nous appelle sur le Canal 14. Nous apercevons les voiles du ketch (voilier à deux mats, dont le mat arrière est plus petit) bleu foncé dans la lumière crue du matin.

12H. Nos 4 voiliers sont alignés, prêts à franchir la ligne de départ imaginaire que nous nous sommes donnés. Rémi souffle dans la corne de brume pour annoncer le début de notre longue régate… L’émotion est présente, il me semble, pour chacun d’entre nous. Les regards se croisent une dernière fois et chacun se souhaite le meilleur.

Ça y est, nous sommes partis. L'Atlantique est devant nous !

Nous naviguerons les premières 20h presque au contact avec Tooba et les échanges Canal 14 continueront les premières 48h, avant de perdre contact avec nos compagnons.


La vie en mer

Notre quotidien s’organise plutôt bien à 4 et la bonne humeur de l'équipage ne quittera pas le bateau jusqu'à l'arrivée. La nuit, nous enchaînons 6 heures de sommeil, et un quart de 2h sur le pont. Le grand luxe !

La journée, chacun trouve ses activités : c’est assez drôle de voir d’ailleurs autant de projets différents se dessiner en une journée. Nous avons chiné, avec Luann, des chutes tissus sénégalais au marché de Mindelo pour s’organiser un atelier couture pendant la transat : fanions, customisation de sacs, de tee-shirt, pavillons… Toutes les excuses sont bonnes pour sortir nos fils et nos aiguilles. Le dessin s’établit également comme l’un de nos passe temps favoris, agrémenté de longues pages d’écritures, de lecture… J’ai enfin fini des livres documentaires que je trainais depuis des années, comme celui sur la Composition Photographique.


Une petite demi-heure de fitness par jour m’ont permis de contenir mes pulsions sportives pendant ces deux semaines, même si rien de remplace un bon footing. On en invente, des nouveaux exercices, quand on est contraints dans un petit espace mouvant !


Chaque jour, Rémi ou moi relevons notre position GPS et la reportons sur une grande carte de l’Atlantique. En cas de panne de nos instruments de navigation, nous pouvons connaître notre position et ainsi déterminer le cap à tenir pour arriver à bon port. Nous remplissons également notre livre de bord deux fois par jour, pour indiquer les informations météo du moment, la position GPS, le cap, les informations sur la navigation et le bateau (état de la mer, casse, etc). En cas de problème avec le bateau, c’est un document qui fait office de preuve juridique.

Régulièrement nous allumons notre téléphone satellite et recevons un petit message de notre ami Guillaume, qui nous envoie la météo et le cap optimal à suivre. Un bon entrainement pour la transat retour, qui sera sans doute plus corsée !

La météo nous a gâtés, avec une première semaine assez tonique et des premiers jours un peu houleux, suivie d'une deuxième semaine se terminant avec de la pétole. Globalement, une traversée super confortable et 0 vomis au compteur !


15°02.629N – 45°48.884W

L’un des temps forts fut certainement le bain au milieu de l’Atlantique. Affalage de grand-voile, tombée du spi, une vitesse de pointe d’1,5 nœuds : c’est parti, deux par deux, pour une trempette gravée dans les esprits. Je crois qu’aucun de nous n’était très rassuré à l’idée d’avoir 5000M de fond sous les orteils ! Je n’oublierais jamais cette couleur BLEUE unique, ni cette sensation de perte de repères totale une fois sous l’eau.


La transat’ du gout

Si l’on a entendu qu’en transat, on perd du poids, de notre côté, nous nous sommes plutôt empâtés ! Il me semble que nous n’avons pas cuisiné deux fois le même plat pendant la traversée. C’est chaque fois un petit plaisir de se creuser les méninges pour inventer un nouveau plat, un nouveau gâteau pour faire plaisir à l’équipage. Ça permet aussi d’occuper le temps !

Pain frais, gâteau coco, dhal, tarte aux légumes, mafé végétarien, cakes, salades originales, muffins personnalisés… tout y est passé !

Notre pêche, enfin fructueuse, nous a offert aussi une belle opportunité de cuisiner le poisson sous toutes ses formes : rillettes sur pain « bateau » (stérilisées en mer !), accras, hachis Parmentier de dorade, poisson panné, papillotes, poisson a la tahitienne…

Le bilan s’élève à 7 dorades coryphènes (rebaptisées «Doryphène» par Baptiste), dont la dernière attrapée au harpon, et un thazard maquereau.


Rencontres marines

Côté faune et flore, les sargasses ont commencé à faire leur apparition peu après le milieu de la transat. Nous avons eu la joie d’observer régulièrement des oiseaux planer à côté de nous: phaéton à bec rouge et frégate superbe se nourrissent de poissons volants et peuvent voler très loin des côtes.

Quelques visites nocturnes de poisson volants nous ont collé une ou deux frayeurs et pas mal d’odeurs. Les cétacés se sont quant à eux, faits rares. Deux ou trois bancs de grands dauphins gris se sont donnés en spectacle mais aucune baleine ou cachalot croisés sur le Grand Bleu!


Côté humains, nous avons croisé un paquebot touristique et nous sommes fait doublés par un cargo. Un échange riche en tournure anglaise « Good night and be careful » par Rémi avec voilier australien à la VHF marquera les esprits de l’équipage. Nous aurons également la joie de recroiser Weoflaif au 5ème jour et d’échanger régulièrement avec lui par téléphone satellite, sur nos succès en pêche et les conditions météo.


Des couchers et levers de soleil à tomber par terre ont également régalé nos yeux à de nombreuses reprises...


L’arrivée

Les derniers miles sonnent comme la fin d’un vieux rêve déjà réalisé. Ces quinze jours en mer sont passés à toute allure. La lune nous sourit de son premier quart, comme pour nous souhaiter la bienvenue.

Les effluves de la terre nous chatouillent les narines. Ce mélange de cuir tanné, de feu de bois et de poivre, enveloppe le bateau et son équipage, aux aguets sur le pont.


L’appréhension de retrouver les agressions de la terre nous donnerait presque l’envie de rester en mer, de prolonger le rêve un peu plus. Mais mes jambes fourmillent de courir. J’ai hâte de refouler la terre, de sentir un sol stable et solide sous mes pieds. Les vivres de frais se sont soldés les derniers jours, et nous sommes passés aux conserves. Nos papilles salivent déjà de mangues, de bananes, de salade…


La nuit est claire, les feux de mouillage des bateaux se confondent avec les étoiles. lIs sont des dizaines. Quel changement radical après nos mouillages quasi solos du Cap Vert !

A l’affut des casiers sur le pont, Baptiste suit le mouvement d’une raie immense dans l’eau transparente, qui frôle le bateau.


L’ancre se pose sur le fond sableux de la baie de Sainte Anne et nous savourons ce silence. Il nous est facile de nous imaginer échoués : tout est immobile.

Le bain de minuit célèbre cette belle arrivée nocturne. Chacun de mes membres revit de se mouvoir dans l’eau, cette sensation est un vrai délice.


Si je devais retenir une chose de ce voyage en bateau, c’est la capacité d’apprécier des choses simples, des les vivre vraiment. Regarder les étoiles, prendre une douche (!), retrouver la terre, admirer un lever de soleil, boire une bière fraîche, apprécier la douceur d’un pot de fromage blanc…

Les nerfs retombent, nous nous effondrons une dernière fois dans nos bannettes (sans les filets antiroulis qui nous permettent de ne pas tomber du lit en mer!) avant de retrouver pour de vrai notre cabine, beaucoup plus confortable !

J’ai hâte de découvrir le paysage qui nous entoure au petit jour...

Un grand merci à nos deux équipiers en or
Un grand merci à nos deux équipiers en or

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