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  • Photo du rédacteurKerblaisy team

Les Açores, l'archipel magique

Nous n’avions aucune expectative en tête en arrivant aux Açores. Rare lieu du monde où il y a plus de visiteurs étrangers débarquant par la mer que pas les airs, la magie a opéré dès l’abord des côtes verdoyantes de Faial, accentuée par une vue épurée de nuages sur le fameux mont « Pico ».

Archipel composé de 9 îles perdues au milieu de l’Atlantique, ces petits bouts de terre rurales peu peuplées sont désormais marquées par un exode urbain des jeunes vers les continents.

Au carrefour de l’histoire entre l’Amérique et l’Europe de par sa position géostratégique, l’archipel des Açores construisit une grande partie de son histoire autour de la chasse à la baleine (interdite il y a une quarantaine d’années), depuis le XIXème siècle.

Dotées d’un climat tempéré, les Açores sont pour moi un curieux mélange des Antilles par l’abondance de ses fruits tropicaux mais aussi la couleur et la richesse de ses fonds, de l’Europe occidentale par sa gastronomie et sa culture de la terre et des Canaries pour ses roches et cratères volcaniques. Peu touchées (voir pas !) par l’industrie et la mondialisation, ces îles sont un véritable havre de paix, de retrouvailles avec la nature et la simplicité.

Bref, nous sommes tombés sous le charme !

FAIAL, l’île des marins

Rencontres

Rencontres. Je pense que c’est ce qui a le plus marqué notre escale sur cette île. D’abord celle avec la « résistance du Peter’s Café », ces deux bonhommes tout sourire, bonnet à pompon vissé sur la tête, combinaison blanche au corps. En ces temps de Covid, ce sont un peu les fées clochette du mouillage. Ils font les courses de frais, les lessives, livrent des burger-frites tant attendus après 20 jours de mer, dépatouillent les problèmes techniques à bord du mieux qu’ils peuvent.

C’est le premier contact que nous avons avec la terre, toujours coincés sur la mer, en attendant notre test covid. A terre, les équipes du port et médicales se démènent pour faire débarquer les plaisanciers en toute sécurité.


Trois jours après notre arrivée, c’est la délivrance tant attendue. Enfin, nos pas nous mènent découvrir cette jolie ville cosmopolite aux façades colorées.

La fin de notre première journée et l’enthousiasme de la liberté sont propices à un petit footing. Notre ardeur aura raison de nos pauvres mollets, déjà fatigués par la dizaine de kilomètres enquillés la journée, après 24 jours d’inactivité. Les jours suivants, nous subissons l’effort, mollets tétanisés !!

Le soir même, le Peter’s café nous accueille pour fêter le débarquement, mais aussi la dernière soirée de Bertrand, notre équipier, qui embarque avec un autre équipage pour rentrer en France dès le lendemain.

Chaque virée sur cette île est propice à des rencontres inattendues, comme celle de ce petit producteur en bio, exposant timidement un panneau au bord de la route, qui nous fera visiter et déguster des produits de son minuscule potager, communiquant par un « portuganglais » mélangé à un langage des signes. Nous y reviendrons à deux reprises, repartant le coffre plein de victuailles fraiches et colorées pour une somme modique.

Rencontre aussi de cette jeune femme nous entendant commenter la menthe sauvage poussant devant sa clôture, et nous offrant tout naturellement un joli bouquet garni de toutes les herbes aromatiques poussant dans son jardin.

Faial, fut marquée par une sorte de jouissance gastronomique. Nous découvrions avec bonheur qu’ici aux Açores, poussaient des bananes, des ananas, des maracuja, des oranges… alors que nous avions fait une croix sur les produits tropicaux en laissant les Antilles derrière nous.


La Caldeira do Faial et le volcan Capelinhos

Une virée touristique s’imposait pour découvrir les trésors de cette belle et chaleureuse île de 14 000 habitants.

Quelle surprise de croiser autant de pick-up au bardage bois, transportant des vaches ou des cuves de lait ! Et effectivement, si Faial n’est pas l’île où nous avons vu le plus de pâturages, les vaches prenaient quand même le dessus sur le nombre d’habitants… D’ailleurs, ici, on débroussaille à la main et on va traire les vaches au champs, une par une. Regarder ces gens prendre le temps de vivre suffit à combler le temps, qui semble s’être arrêté il y a quelques années.

L’archipel açorien étant volcanique, les caldeira (chemin bordant le cratère d’un volcan) se prêtent à la balade. Nous testerons la Caldeira de Faial à pied dans la brume (là, c’est Rémi qui a chouiné), puis une seconde fois en partant du plancher des vaches jusqu’au sommet (à 800m) en VTT (et là c’est moi qui pignait) mais cette fois ci sous le soleil. Cette deuxième virée nous a permis de faire notre première rencontre nez à nez avec une vache à corne peu commode, qui nous a forcé à nous dérouter, vélo sur le dos, dans la pampa. Quelques centaines de mètres plus loin, deux chevaux sauvages nous ouvraient la route, trottinant devant nous, joueurs.

Le volcan Capelinhos est la seconde étape touristique de Faial : une excroissance de terre volcanique a poussé de la mer dans les années 50, rallongeant la pointe de quelques centaines de mètres et rendant par la même occasion le phare complètement inutile ! Ce paysage un peu martien, complètement recouvert de poussière de lave, est surprenant, contrastant radicalement avec la verdure des paturages environnant.


Une belle session de surf sur la plage de Praia de Norte avec nos amis bigoudin Jean et Lulu, du bateau An Amouig, concluait cette belle première escale. A 4 au pic, seuls dans cette grande baie de sable noir, surplombé par une falaise de verdure, le timing était parfait. En fin de journée, la petite mousse à 1€ pour le coucher de soleil au bistrot du Porto Pim, fréquenté par les locaux était devenue notre nouvelle habitude.

Rémi commençait sérieusement à imaginer ouvrir une crêperie la bas…

Mais avant notre départ, il nous restait une dernière chose à faire, pour respecter la tradition… Pinceaux et Posca en main, Kerblaisy a laissé sa trace parmi les blazes venus de tous azimuts.


PICO, l’île au vin

Les locaux affirment que le seul attrait de Faial est sa vue sur le Pico, sommet culminant du Portugal. Nous ne prendrons pas part au débat, mais il est vrai qu’une fois sur l’île de Pico, il est plus compliqué d’apercevoir ce joli sommet dégagé des nuages. Les quelques jours passés au mouillage de l’avant-port de Madalena furent sans grand intérêt. La principale distraction était sans doute le vivier de poissons postés sur la digue naturelle de l’avant port, offrant un large choix pour le dîner. Grande fierté de Rémi, revenu avec une baliste et plusieurs poissons perroquet.

Montagne Pico

Une brève balade a vélo nous emmènera découvrir les champs de vignes entourés de roches de lave, donnant à cette île un certain caractère. Nous ne nous aventurerons pas à l’ascension du Pico : il est désormais demandé 20€ par personne pour gravir les quelques centaines de mètres abruptes qui séparent le refuge du sommet.

Une tentative de stop complètement infructueuse pour nous rendre au musée de la baleine nous ramènera penauds et bredouilles au bateau, nous décidant finalement à lever l’ancre pour Sao Jorge.


SAO JORGE, L’ile aux vaches

Une très belle navigation nous emmène effleurer ces magnifiques plaines d’un vert éclatant, perchées sur de hautes falaises déchiquetées. Par endroit, des cascades tombent à pic dans l’océan. Cette île longiligne de 54 km de long sur 7,5 km de large sera notre second coup de cœur.

A l’affut du moindre bout d’aileron qui dépasse, je guette sur le pont : c’est l’un des endroits au monde les plus fréquenté par les cétacés ! Au loin, un banc d’ailerons noirs un peu crochus avance lentement, mais ne s’approchera pas du bateau. Des globicéphales ?

Une horde de puffins s’évertue à vouloir absolument pêcher nos poulpies (leurres) ce qui a pour effet d’agacer Rémi qui les affuble de noms d’oiseaux peu flatteurs mais bien mérités.

Puffins / Copyright @Alex

Aux Açores, les mouillages sont rares, les ports bien peu chers (les moins chers du voyage !) et le personnel des infrastructures d’un accueil sans faille. Nous avons étés stupéfaits de cette gentillesse et cette assistance naturelle. C’est donc bien amarrés dans le petit port de Velas, que nous avons visité cette magnifique île sur un deux roues (décision prise après un second cuisant échec de stop !). Cette escale portuaire sera aussi l’occasion de retrouver nos amis bigoudins d’An Amouig, , mais aussi de passer du temps avec l’équipage de Lolita et sa joyeuse et énergique bande de bambins, qui envoie du 220 Volt à qui veut sur les pontons !!

Sur les routes, les vaches ici sont reines. Il est conseillé d’adopter la dolce vita locale et laisser le temps aux choses, ou sinon, mieux vaut éviter de tomber derrière un troupeau en transition de pâture !

D’ailleurs, l’expression « le bonheur est dans le près prend ici tout son sens ». Si je devais me réincarner en un animal, ce serait sans doute en vache açorienne : herbe bio et balade à volonté, vue sur mer, garantit 100% sans stress dans des champs délimités par de jolies haies d’hortensias si typiques. De même, cet archipel fournissait du lait en très grande quantité et produisait ainsi du fromage. Le lait des Açores est réputé pour être d’excellente qualité, et d’ailleurs largement excédentaire et exporté en produit fini au Portugal (beurre, crème, lait, fromage…).


Ici, on se promène encore à cheval, pour emmener la tronçonneuse chez le voisin ou livrer son lait encore tout chaud. Le fromage ici est une institution : il est vendu par meule de 500g à 7 ou 8 euros le kilo. Bon, cela ne vaut pas une bonne tome de nos montagnes, mais après le mauvais gruyère importé des Antilles, ce n’est franchement pas si mal accompagné d’un petit vin de Pico et d’une confiture de figue locale !

Fiers comme des princes du haut de notre petit scooter, nous découvrons des routes, bien peu fréquentées, bordées d’hortensias. Dans un ultime effort, Rémi accepte de faire une dernière randonnée, pour aller découvrir l’un des joyaux de Sao Jorge, Faja de Santo Cristo.

Ces « fajas », petit bouts de terre avancés le long des falaises, sont typiques de l’île. Celle ci n’est accessible qu’à pied ou en quad. Minuscule bourgade aux maisons de pierre volcanique, qui semble désertée et désormais plutôt dédiée à accueillir des touristes en quête de paix, cette faja se caractérise par son lagon, bordé de hautes herbes.

Le chemin vers Santo Cristo situé dans une gorge, descend à pic et, les seuls marcheurs que nous croisons sont des bovins. Sur le chemin, une sublime cascade nichée entre quelques gros cailloux et des arbres touffus, appelle à la baignade.

D’autres trésors restent encore à découvrir :


>Les quelques kilomètres de marche le long de la chaine de volcans, dont le Pico de Esperanza, sommet culminant de Sao Jorge (1066m), sont à couper le souffle. Ces dômes sont revêtus d’un manteau d’herbe tendre, présentant en leur centre de jolis cratères recouverts de marécages, réhabilités par les grenouilles. De chaque côté, il y a l’océan, et le silence.

>La découverte de la piscine naturelle de Faja de Ouvidor. Par une chance incroyable, ce petit joyau est désert à notre arrivée. C’est en contrebas de falaises noires de lave, que niche deux petits bassins d’eau translucide présentant un arc-en-ciel de couleurs hypnotisantes : du vert, du bleu turquoise, un dégradé de marron… Une baignade qui marquera nos esprits !

>La route qui longe vers l’ouest de l’île, permet de découvrir ces superbes prairies, offrant une vue plongeante sur le Pico. Le meilleur endroit de l’île pour admirer le coucher de soleil et bénéficier d’une vue sur les 4 autres îles du groupe de cet archipel (Pico, Faial, Graciosa et Terceira) se situe sur la pointe la plus à l’ouest près du phare abandonné. Une paire de super bock bien fraîches accompagnées d’un bout de fromage validera d’ailleurs l’expérience.

Kerblaisy devant Sao Jorge / Copyright @Alex

TERCEIRA, au carrefour des cultures

Une première étape après une navigation pas très agréable, nous permet de profiter d’un des rares mouillages « nature », au pied du Monte Brasil, sur lequel trône encore un fort historique transformé en base militaire.

La deuxième étape fut celle de Praia de Vitoria, à l’est de l’île. Une escale pas forcément prévue au départ, mais guidée par les conditions de surf et de planche à voile.

Les Açores sont très peu pourvues de plages et la grande baie de Praia de Vitoria se prête parfaitement au jeu des sports nautiques. D’ailleurs, à notre arrivée, c’est la parade : hobbie 4, planches à foil, paddle, kayak, optimistes… tous les jouets sont de sortie !


Une session de planche nous met en jambe dans un vent léger, avant d’entamer quelques jours de surfs tant attendus. La chariote achetée exprès pour transporter nos surf, restée vacante depuis notre étape au Portugal, va pouvoir servir un peu ! Nous avons fière allure, sur nos deux vélos pliables, la charrette chargée des surfs, nous dirigeant vers le point break de l’autre côté de la baie de Praia.

Une belle surprise sur un spot peu fréquenté avec une très jolie gauche partant devant un gros caillou un peu impressionnant au début, mais qu’on a vite appris à apprivoiser ! Ici le fléau semble être les physalies, ces fameuses « galères portugaises », dont la brulure peut être relativement grave. Un local nous prévient en sortant, que ces dernières sont de sortie et qu’il faut vraiment faire attention.

Une belle rencontre ponctuera cette escale « glisse » : Ticiano, surnommé « TC », un passionné de planche à voile et de surf, qui connaît tous les grands champions, nous invite pour un barbecue chez lui, à la sortie de l’eau. Nous passerons la journée en sa compagnie et celle de sa famille, généreux et heureux de partager leurs passions. Ils travaillent tous deux pour la base navale américaine, en partie allouée aux USA depuis 1947, marquant cette île d’une culture américaine bien installée.

Une petite virée culturelle à Angra do Heroismo, l’ancienne capitale des Açores, pourvue d’un fort passé historique, est au programme. Inscrite au patrimoine de l’Unesco, cette petite ville aux façades blanche et aux volets colorés, mais aussi pourvue de nombreux bâtiments marqués par l’histoire est la plus jolie des Açores !

Nous avons finalement passé 5 jours à Terceira, avant de mettre le cap sur notre dernière escale, Sao Miguel.

Juste avant le départ, une belle carangue nageant sous le bateau et narguant nos sens de chasseurs désormais aiguisés ( 8-) ), finira au menu du dîner, parfait pour un programme de nav’ empétolisée !


SAO MIGUEL, l’île verte

L’île la plus peuplée des Açores nous a remis dans le bain de la vie urbaine, avec une activité touristique et citadine active.

Une virée dans un magasin de sport bien connu nous a permis de nous procurer tente et accessoires de camping pour aller se perdre autour des lacs de Sao Miguel. Rémi s’est aussi découvert une passion pour le bivouac.

Notre première aventure fut le tour de la crète du Lagoa das 7 Cidades, un lac jumeau situé dans le cratère d’un volcan dormant.

Une belle randonnée permettant d’admirer le lac bleu et le lac vert, en longeant des paturages. Une géographie d’ailleurs peu propice à l’installation d’une tente. Après quelques tentatives infructueuses, nous découvrons le minuscule lagoa do Canario, niché au cœur d’une dense forêt.

Avec hâte, nous installons notre campement, et déballons le précieux réchaud tout neuf. Mais… au bout de quelques essais rageux, nous finissons par admettre que nous avons acheté la mauvaise bouteille de gaz, pas du tout adaptée au réchaud. Pas découragés, nous tentons bien que mal de faire un feu timide avec du bois humide pour faire chauffer de l’eau dans un mug en email servant de casserole, pour faire cuire nos plats lyophilisés.

Le lendemain, le retour au point de départ se fait dans une ambiance un peu mystique, dans la brume, donnant aux paysages un air d’Ecosse.

Mieux équipés après un retour au bateau, nous repartons vers le nord de l’ïle pour une virée surf sur le spot très fréquenté de Santa Barbara, qui nous plait moyennement mais fera l’affaire pour barboter quelques heures. Un premier spot de campement en haut d’une falaise bordée de paturages nous accueille pour la nuit, avant d’aller découvrir le lagoa de Furnas et ses fumerolles.

Sur la route du retour pour le campement du soir, une escale bien sympathique dans la fabrique de thé Gorreana (plantations de thé unique en Europe !) nous permet de déguster du thé noir et vert et de découvrir les procédés de fabrication.

Notre plus belle découverte sur l’île de Sao Miguel est sans doute le lagoa de Fogo, lac de cratère resté à l’état sauvage. Après une descente contracturante pour les quadriceps, chargés comme des mules, nous trouvons une petite place à l’abris des regards pour poser notre tente. Nous nous sentons seuls au monde, dans ce décor digne des images de Randonnée magazine. C’est incroyable de ressentir autant de bien-être avec autant de simplicité : une tente minuscule qui tient chaud, une petite bière artisanale, de la purée en sachet et un carré de chocolat pour le dessert et nous voilà les rois du monde.

Une visite des plantations d’ananas est incontournable avant la fin du séjour : ils ont été part de notre alimentation quasi-quotidiennement depuis notre arrivée aux Açores. Et certainement les meilleurs ananas jamais mangés !!

Ce sera notre dernière virée culturelle à Sao Miguel, car pour les derniers jours, l’heure est aux préparatifs de notre prochaine – et ultime ! – grande traversée : cap vers les Glénan !


Nous partagerons ces derniers moments avec nos amis d’An Amouig et de Lolita, lors d’une dernière très sympathique soirée à bord de Kerblaisy à reinventer le monde…


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