Et un Golfe, un !
- Kerblaisy team
- 12 oct. 2019
- 4 min de lecture
Petite mais costaud cette traversée du Golfe de Gascogne, soumise à une météo moins clémente qu'annoncée.
Environ 500 milles qui mettront nos estomac et notre patience au défi pendant 5 jours et 4 nuits avant d'atteindre notre première destination à Ribeira, dans la baie d'Arousa.

Départ en fanfare
Dimanche 5 octobre à 12h, Kerblaisy quitte officiellement le ponton I9 du port du Kernevel, après une cohabitation de près de 4 mois et 1/2.
Les visites joyeuses des copains au petit matin et l'escorte à foil pour nous accompagner dans le chenal nous donnent la larme à l'oeil mais aussi l'énergie de vaincre le mal de mer des 24 premières heures.


La houle se présente rapidement formée passé l'Ile de Groix avec un vent de NO soutenu et nous prenons un ris dans la grand-voile dès le passage des Chats.
Sur le pont, nous prenons peu à peu conscience que nous sommes enfin partis, l'appréhension au ventre de l'inconnu prochains jours qui nous attendent.
Rapidement, le mal de mer se fait sentir pour tous les deux. Les raviolis du déjeuner ne feront qu'un tour dans nos estomac avant d'aller nourrir les poissons. Nous changerons de tactique pour le dîner et opterons pour un plat lyophilisé ...
Des premiers milles sportifs
La première nuit approche et nous essayons tant bien que mal de gérer nos quarts et de lutter contre la somnolence de l'effet du Stugeron (un médicament contre le mal de mer), encouragés par la visite nocturne de quelques dauphins joueurs.
A l'intérieur, les craquements du bateau qui tape sont impressionnants et donnent l'impression que Kerblaisy va s'ouvrir en deux à chaque prochain choc.
Au petit matin, le lever de soleil est timide. Première manœuvre : nous virons, pour aller affronter un vent de sud- sud-ouest toujours aussi soutenu et une mer toujours très formée. La journée est longue, mais je commence à réussir à lire par séquences courte et le mal de mer se calme peu à peu pour tous les deux. Nous ne croiserons aucun bateau à l'AIS cette nuit-là, nous donnant un peu l'impression d'être seuls au monde !
La carto nous indique que nous sommes sur le plateau continental, là où les fonds descendent crescendo ( passage de 150 mètres à plus de 4000m de fond..) : le plan d'eau est encore plus perturbé.
Je checke la carto toutes les heures, ce passage est sans fin !!! Nous y resterons plus de 24h.

Mais où est la bascule ?
Mardi 8 octobre. Nous attendons avec impatience la bascule de Ouest-nord Ouest, celle-ci nous permettant d'avoir un vent avec une orientation un peu plus clémente.
Un jeu de nerf, puisque qu'elle ne viendra tardivement dans la nuit du mardi au mercredi vers 4h du matin. Première frayeur : un bruit sourd sous le bateau, le pilote perd les pédales et Kerblaisy fait du sur-place. Est-ce le safran ? Plus rien de répond. La girouette et le bateau font des danses nuptiales à 360°. Nous paniquons un peu. 10 minutes plus tard, Kerblaisy repartira de plus belle, le vent s'étant peu à peu stabilisé.
La bascule ONO sera finalement plus que timide, puisque nous garderons une allure au près jusqu'à l'arrivée près des côtes espagnoles.
Terre en vue !

L'odeur de la terre !!! Nous commençons à deviner les reliefs espagnols mercredi en fin de journée. La terre se rapproche, c'est grisant et à la fois frustrant : il nous reste encore au moins une nuit et une journée de navigation avant de poser le pied à terre. Plus nous nous rapprochons des côtes, plus le vent faiblit...
Au grand damne de Rémi qui soufflerait presque sur les voiles pour continuer d'avancer sans énergie fossile, nous passons une grand partie de la 4ème et dernière nuit au moteur.
Kerblaisy longe tranquillement les côtes en slalomant entre bateaux de pèches et avec en visu les cargos longeant la DST (zone de séparation de trafic).
Un joli lever de soleil nous accompagne pour cette dernière matinée en mer, avant la première escale.

Cap Finisterre et rencontre fortuite
Nous franchissons le Cap Finisterre jeudi midi. Une étape qui a quelque chose de spéciale et nous donne un petit gout d'accomplissement. Cette pointe a été considérée durant des siècles comme la limite des terres connues, la frontière de l'au-delà, la fin du monde !

Au loin, nous apercevons pour la première fois depuis le départ un bateau à voile.
Un mini ??? Ouiiiii ! C'est le numéro 836 ! Connexion 4G retrouvée, nous nous précipitons sur le site de la Mini-transat pour vérifier le nom du skipper et sa position. C'est Yann Blondel, le deuxième plus jeune concurrent de la course, qui pointe en fin de peloton. Il est tanqué sous spi dans la pétole.
Nous décidons d'aller à sa rencontre pour l'encourager. Nous entrons en communication VHF avec lui, il à l'air dépité et au bord de la crise de nerf. Nous décidons de l'accompagner un moment, et coupons le moteur pour le soutenir à la voile pendant quelques milles.

La dernière après midi de navigation sera parfaite : un spi bien gonflé, du vent, une douche (!!!) , du pain frais et du soleil. Nous battons notre record de vitesse avec Kerblaisy : 10 noeuds !
Première escale : Ribeira
Jeudi, début de soirée, l'entrée dans la baie d'Arousa est magique : nous sommes au près mais à plat et déboulons à 7 noeuds au soleil couchant.
Nous avons hâte d'arriver et en même temps, nous serions bien restés un peu plus en mer. Cette première traversée a été dure moralement et physiquement, mais nous débarquons avec la tête déjà pleine de souvenirs et d'enseignements...

Ça nous transporte, on voyage ! J'attends déjà avec impatience la suite ! La photo du levé de soleil est parfaite... <3