top of page

Ascension du Teide

  • Photo du rédacteur: Kerblaisy team
    Kerblaisy team
  • 20 déc. 2019
  • 4 min de lecture

Sans doute le plus beau souvenir de nos premiers mois de voyage..!


1h30. Le réveil sonne. Les sandwichs préparés la veille nous ont sauvé quelques précieuses minutes de sommeil. Un café avalé et un peu d’eau sur le visage nous redonnent conscience du pourquoi : nous partons faire l’ascension du Mont Teide, en pleine nuit ! Nous avons rendez-vous avec le soleil.


3h. Arrivés sur un parking supposé être bondé : trois voitures sont rangées en bataille dans la nuit noire. Le thermomètre de la voiture est passé de 17° à 3° et nous sommes à 2700m d’altitude. Dehors, le vent souffle et les étoiles sont timides. Rémi, parti en short et en tongues, est saisi par l’air glacé en sortant de la voiture.

Trente minutes et une banane plus tard, trois couches enfilées les unes par dessus les autres, la frontale à poste, nous voilà en route, découvrant un chemin couvert de neige. Rémi se tourne vers moi : « On nous avait pas prévenus qu’il fallait venir avec les ski de rando !!! »

A peine rassurés, nos pas se succèdent, slalomant entre la neige et les cailloux volcaniques. Autour de nous, tout est noir, impossible de deviner ce qui nous entoure. Nous avançons dans le sillage un peu flou de nos frontales, suivant les pas déjà tracés dans la neige.


3h50. Premier panneau, enfin ! Nous avons fait 800M, il nous reste 7,2 km avant d’atteindre notre objectif final, à 3720m d’altitude. Nous sommes dans un nuage et la visibilité est encore plus restreinte. Le chemin n’est pas encore bien raide, mais la neige se fait de plus en plus dense.


4h30. Nous arrivons à la fin notre première étape, la plus facile et la plus plate. Impossible de voir ce qui nous attend, la nuit est toujours aussi noire. La pente est raide, nos pas se calent dans les quelques traces qui nous ont précédés pour accrocher le chemin de neige glacée. Une trentaine de minutes plus tard, des lumières de frontales semblent bouger, bien plus haut ! Comme un espoir dans la nuit, nous nous sentons moins seuls et reboostés pour les rattraper. Le vent est glacial et puissant. Le ciel commence à nous dévoiler ses étoiles, nous sommes passés au-dessus des nuages !!


6h. Il nous faudra 1h30 pour serpenter et rejoindre la seconde étape du refuge, où un thé à la menthe conservé tiède dans le thermos et une barre de céréale à moitié congelée nous redonnent un peu d’énergie. Le panneau météo indique -5° là-haut avec un vent à 80km/h. Rémi, qui a inventé le concept du chaussette/gant, échange donc ses chaussette avec ses « gants-chaussettes » pour les faire sécher.


6h15. Le lever du soleil nous presse un peu à repartir, nous avons rendez-vous avec lui à 7h30. Les premières lueurs tracent déjà des couleurs à l’horizon. La neige se fait plus moelleuse, et nous regrettons un peu les après-ski ! Nos pieds chaussés de chaussures de trail commencent à geler. Tout autour de nous est de glace.


7h30. Troisième et avant dernière étape avant la courte ascension finale du point culminant du Teide. Le réveil du soleil a commencé à colorer le toit des nuages. Nous sommes seuls pour contempler ce sublime spectacle. Les mots me manquent pour décrire ce qui se déploient devant nos yeux. Nous sommes au dessus des nuages, les roches se sont transformées en cathédrale de glace et le ciel a adopté un arc en ciel de couleurs roses/orangées. Le silence est celui du vent et nos regards plongent dans la vallée de Tenerife, bordée par l’océan. J’arrive à sortir mon appareil photo en express, pour immortaliser ce moment. Il est temps de continuer, pour ne pas finir en stalactite.


7h50. Le sommet !! Le souffle est de plus en plus court, les jambes coupées. Le vent est glacial, il doit faire -10 /- 15° en ressenti. Le soleil a déjà bien grimpé mais ses rayons sont encore trop faibles pour nous réchauffer. Le cratère du volcan est dépourvu de glace, réchauffé par le souffle des échappées de souffre qui dégagent une odeur d’œuf pourri. Nous nous callons malgré l’odeur près de cette vapeur odorante pour nous réchauffer un peu les doigts et changer nos chaussettes qui commencent à congeler.



8h. La descente commence. Le sol est raide et gelé et nous sommes obliger de glisser quelques bouts de pentes à l’aide de nos arrières trains.

Nos yeux découvrent ce que la nuit nous avait dissimulé lors de l’ascension et s’émerveillent du contraste de cette terre de feu envahi par la glace. C’est un vrai délice de dévaler les pentes de ce royaumes blanc en sentant les premiers rayons du soleil nous réchauffer les joues.


10h. Une pause sandwich pour le petit déj’ bien méritée au chaud du refuge, nous entamons la deuxième partie de la descente. Les plantes grasses qui ont trouvés grâce dans la roche volcanique, sont enveloppées de glace et ressemblent à des boules de Noel naturelles. Je m’extase devant chaque buisson !




En contrebas, les « œufs du Teide » semblent posés là au hasard. Ces boules de lave transformées en pierre lisse, mesurent pour les plus hautes presque 3m de diamètre. Nous croisons des randonneurs plus diurnes que nous, équipés de crampons de glacier et de bâtons de randonnées. Notre style en mode « gant-chaussette » et short de nav’ sur pantalon polaire doit les faire sourire.


11H. La fatigue commence à se faire sentir, les yeux à piquer et les quadriceps à tirer ( et Rémi a râler J ). Il nous reste la vallée à traverser : elle est recouverte de neige quasiment immaculée et invitent à sortir les luges !


12h. Le parking est désormais bondé et la température a retrouvé des normales saisonnières. Epuisés, les paupières brulantes mais empreints du sentiment d’avoir eu le privilège de vivre un moment unique, nous enfilons avec délice nos tongues et un tee shirt propre.


 
 
 

コメント


bottom of page